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Bannière par des militants canadiens lors de la Conférence internationale sur la réduction des risques de 2017.

Nigel Brunsdon

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Qu’il s’agisse d’une overdose, d’une maladie transmissible comme le VIH et l’hépatite, d’une douleur non traitée, d’un traitement médicamenteux inefficace, de la stigmatisation et de la discrimination, ou de la torture – les politiques punitives de « guerre contre la drogue » causent et exacerbent les préjudices et violent le droit humain universel au plus haut niveau possible de santé physique et mentale. Notre plaidoyer vise à donner la priorité aux résultats sanitaires plutôt qu'aux sanctions, en garantissant l'accès à des services de réduction des risques, de traitement et de prévention fondés sur des preuves et financés de manière adéquate, ainsi qu'à des médicaments sous contrôle.

Selon les environ 270 millions de personnes dans le monde – 5 pour cent de la population adulte – consomment des drogues illicites. Parmi, environ 36 millions de personnes expérimentent une consommation nocive de drogues et / ou une dépendance aux drogues et environ 11 millions de personnes s’injectent des drogues. Tragiquement, il y a 585 000 décès attribués à l’usage de drogues chaque année, avec 42 millions d’années de vie «en bonne santé» perdues en conséquence. Les personnes qui consomment des drogues sont 29 fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que la population générale.

Une approche factuelle de réduction des risques peut considérablement réduire et réparer ces dommages. La réduction des risques adopte une approche pragmatique et sans jugement en vue de soutenir les usagers de drogues, et englobe une gamme de services, notamment des programmes d’aiguilles et de seringues, des salles de consommation de drogues, des traitements assistés par médicaments, le « drug checking » (analyse de la qualité/pureté de la drogue, souvent en milieu festif), la prévention des overdoses, et bien plus encore. Cette approche comprend des services dirigés et fournis par des pairs, et est largement soutenue et promue par les agences des Nations Unies, les gouvernements, les bailleurs et les universitaires – dans les prisons et les communautés.

Mais les politiques en matière de drogues ne nuisent pas seulement aux usagers de drogues. De nombreuses drogues placées sous contrôle international sont également des médicaments – nombre d’entre elles étant classées comme Médicaments essentiels. En raison de ces contrôles et réglementations, des barrières logistiques et financières et de la promotion d’une culture de peur des opioïdes, plus de 80 pour cent de la population mondiale ont un accès limité ou inexistant aux médicaments opioïdes pour le contrôle de la douleur. Il s’agit là d’une autre défaillance évidente du système international de contrôle des drogues.

Enfin, les politiques punitives en matière de drogues peuvent également avoir un impact sur la santé physique et mentale des individus à travers, entre autres: l’utilisation de produits chimiques nocifs lors de l’éradication des cultures; l’incarcération de masse; la violence, y compris la violence basée sur le genre et la violence d’État; et l’alimentation de systèmes d’oppression interconnectés (y compris la pauvreté et le racisme).

Les conventions internationales sur les drogues sont fondées sur la promotion de « la santé et le bien-être de l’humanité », et les gouvernements doivent donc redéfinir la priorité des résultats sanitaires par rapport aux mesures punitives – en se concentrant sur, et en finançant, des services de réduction des risques, de traitement et de prévention fondés sur des données factuelles, et en garantissant l’accès aux médicaments essentiels.

Les drogues ont détruit de nombreuses vies, mais les mauvaises politiques gouvernementales en ont détruit bien davantage.
Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies (1938-2018)