Drogues : au nom de la loi

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Drogues : au nom de la loi

26 octobre 2023
Grégory Fléchet
CNRSlejournal.fr

Après des décennies de législations répressives, la manière dont nos sociétés encadrent l'usage des substances psychoactives évolue mais reste pour le moins ambigüe.

Interrogé le 14 septembre 2020 sur la chaîne LCI à propos d’une possible légalisation de l’usage du cannabis par la France, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ne laissait planer aucun doute quant à la position de son gouvernement : « La drogue c’est de la merde. Eh bien, on ne va pas légaliser cette merde. » Au-delà de son caractère outrancier, la formule a le mérite de résumer la façon dont notre pays appréhende la question des drogues dites « illicites » : en dehors de l’interdiction pure et simple, point de salut. Cette posture prohibitionniste que la France applique à tous les produits stupéfiants (cannabis, héroïne, cocaïne, drogues de synthèse…) a longtemps fait l’unanimité à l’échelle de la planète.

Aujourd'hui encore, le régime international de contrôle des drogues s’inscrit dans cette ligne répressive. D’un point de vue réglementaire, il s'appuie sur trois traités adoptés entre le début des années 1960 et la fin des années 1980, eux-mêmes ratifiés par la quasi-totalité des 193 États reconnus par l'Organisation des Nations unies. « La logique qui a prévalu jusqu'au début des années 2010 a été d’interdire les usages non médicaux des stupéfiants et des produits psychotropes tout en instaurant un simple contrôle sur ces substances qui, en tant que telles, restent autorisées », résume François-Xavier Dudouet, directeur de recherche CNRS en sociologie politique et morale à l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales.

Mais après plusieurs décennies de « guerre à la drogue » menée par les gouvernements américains successifs et leurs alliés occidentaux, force est de constater que cette stratégie destinée à éradiquer l’usage de produits stupéfiants a échoué. Ainsi, entre le début de la War on drugs lancée par Richard Nixon en 1971 et la fin de l’administration Reagan en 1989, qui a porté cette « guerre à la drogue » à son paroxysme, les importations de produits stupéfiants aux États-Unis ont été multipliées par trois.