Une salle de consommation de drogue prête à être expérimentée à Paris

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Une salle de consommation de drogue prête à être expérimentée à Paris

11 octobre 2012

Médecins du Monde (MDM) et l'association Gaïa-Paris ont présenté mardi devant la presse leur projet de salle de consommation de drogue, espérant que le gouvernement donnera rapidement son feu vert pour expérimenter cette structure à Paris.

AFP - Médecins du Monde (MDM) et l'association Gaïa-Paris ont présenté mardi devant la presse leur projet de salle de consommation de drogue, espérant que le gouvernement donnera rapidement son feu vert pour expérimenter cette structure à Paris.

Ces salles permettent de consommer ses propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène et sous supervision de personnels de santé. Elles sont actuellement illégales en France mais existent dans près d'une dizaine de pays, dont la Suisse et l'Allemagne.

La ministre de la Santé Marisol Touraine avait affirmé fin août que son ministère serait prêt "assez rapidement" à en lancer l'expérimentation. Le conseil de Paris avait voté en 2010 en faveur de cette initiative.

Le projet présenté mardi a pour objectifs de réduire "la mortalité", "les infections et le manque d'hygiène", mais aussi "l'exclusion sociale" des usagers de drogue et "les troubles à l'ordre publique", a expliqué Elisabeth Avril, directrice de Gaïa-Paris.

Le projet pourrait voir le jour au printemps prochain, a dit Mme Avril, qui attend "le feu vert" du gouvernement.

Elle a rappelé que selon plusieurs études, ces salles permettaient notamment de diminuer les risques de contracter le VIH et des hépatites.

Mme Avril a refusé de préciser le lieu envisagé pour implanter cette salle, arguant que sa réussite dépendait aussi du travail en amont avec les riverains et les forces de police.

La salle, qui pourrait recevoir de 200 à 250 passages par jour, accueillerait des consommateurs de drogues par voie intraveineuse mais aussi par inhalation (crack notamment) et refuserait les mineurs, les personnes en état d'ébriété, trop agitées ou déjà sous drogue, a prévenu Mme Avril.

Après un entretien pour retracer son parcours de consommateur, l'usager se verrait remettre une carte d'accès, lui permettant de consommer la drogue qu'il aura lui-même apportée, avec du matériel stérile fourni.

Des villes comme Paris, Marseille et Bordeaux sont prêtes à s'investir, mais "la fenêtre de tirs est réduite" en raison des municipales de 2014 où il risque "d'être difficile de défendre ces dispositifs", a souligné Jean-François Corty, de MDM.

L'UMP parisienne a réagi rapidement en "condamnant fermement" ce projet de "salle de shoot" dans un communiqué.

Jean-François Legaret, président du groupe UMP au Conseil de Paris, et Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris et membre de la mission interparlementaire d'information sur les toxicomanies, "ont toujours estimé que la priorité nationale dans ce domaine était de prévenir et réduire la consommation et non de l'encadrer".

Pour Pierre Chappard, coordinateur du Réseau français de réduction des risques, ces salles ne vont pas attirer plus de drogués dans le voisinage, car les usagers de drogues consomment surtout dans leur quartier et n'aiment pas faire de longue distance en possession de drogue.

Mais pour Michel, un usager de drogue de 48 ans déjà condamné à de la prison pour cela, ce type de salle risque surtout d'attirer la police: "Qu'est-ce qui me garantit que je ne vais pas me faire arrêter devant la salle avec ma drogue?", a-t-il demandé.

Dans un communiqué commun, MDM, Gaïa et plusieurs autres associations (Aides, Sidaction, Act-Up, Syndicat de la magistrature, etc) rappellent la promesse de François Hollande de laisser Paris et Marseille expérimenter de telles salles, soulignant que l'Inserm a "validé scientifiquement" leur intérêt.

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