Revitalisation de la réduction des risques à Maurice

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Revitalisation de la réduction des risques à Maurice

5 novembre 2017
Pascal Tanguay

A la fin septembre 2017, le Collectif Urgence Toxida (CUT), avec le support de l’ONG Prévention, information, lutte contre le SIDA (PILS), a organisé une conférence internationale pour attirer l’attention de la société mauricienne sur les problématiques de la réduction des risques.

En 2006, le gouvernement mauricien endossait l’introduction de mesures telles que la méthadone et la distribution de seringues stériles afin de réduire la transmission du VIH auprès des communautés des toxicomanes qui représentent toujours le segment de la population le plus touché par le VIH. L’impact de ces interventions a eu des retombées indéniables : l’incidence du VIH dans les communautés des toxicomanes à Maurice est passée de 92% en 2005 à 44% en 2013. De plus, Maurice est reconnue dans le secteur du VIH comme un phare pour guider le reste de l’Afrique en matière de réduction des risques. Ainsi, Maurice a été le premier pays du continent à mettre sur pied un ensemble complet d’interventions essentielles pour réduire les risques reliés a la consommation de drogues illégales et a inspiré d’autres pays du continent comme le Kenya, la Tanzanie et l’Afrique du Sud, à mettre sur pied de telles interventions.

Malheureusement, depuis 2015, le ministère de la Santé et de la Qualité de la vie du nouveau gouvernement s’est opposé à ces mesures visiblement efficaces, favorisant plutôt la répression policière pour éliminer les drogues plutôt que de prioriser les objectifs de santé publique. Ce changement dramatique a compromis les programmes de CUT ainsi que ceux d’autres ONG qui offrent les services de réduction des risques. En particulier, la distribution de seringues a été limitée par le ministère de la Santé et de la Qualité de la vie à un maximum de 30 000 unités par mois alors que les besoins sont beaucoup plus élevés. Les services de méthadone ont été déplacés hors des centres de santé vers les postes de police et les heures d’accès ont été sévèrement réduites à moins de deux heures par jour, très tôt le matin. De plus, le ministère de la Santé et de la Qualité de la vie exigeait que les clients de ces services de réduction des risques soient inscrits dans un registre central avec leur carte d’identité nationale, compromettant de fait leur droit à la confidentialité et à la vie privée.