Réduire la mortalité par surdose d’opioïde : freins et leviers de la distribution de la naloxone dans les établissements accompagnant les usagers de drogues
Au printemps 2024, 262 professionnels intervenant auprès des usagers de drogues ont été interrogés sur leur activité de distribution et de prescription de naloxone, sur les freins et leviers de l’accès à cet antidote, et sur leurs propositions pour améliorer la situation.
Résultats Près de 8 répondants/10 travaillent dans une structure assurant la délivrance directe de naloxone. Parmi eux, 74% distribuent une forme intranasale et 56% une forme intramusculaire. Cependant, la grande majorité rapporte que leurs établissements distribuent moins de 4 antidotes par mois (74%). Concernant la prescription, 57% des répondants déclarent travailler dans une structure dans laquelle la naloxone est prescrite. Dans ce cadre, 1 répondant sur 3 rapporte que la fréquence de prescription s’élève au plus à une fois par mois. Seuls 15% prescrivent plusieurs fois par semaine ou quotidiennement. La réelle délivrance suite à cette prescription est inconnue dans la majorité des cas. Certains rapportent avoir connaissance que l’ordonnance n’a pas permis l’accès à la naloxone (13%). Ainsi, seules 30% des prescriptions ont permis de manière certaine, l’accès à l’antidote. Les usagers ont la possibilité d’en faire spécifiquement la demande dans moins de la moitié des structures et la naloxone est en accès libre dans 2,5% des cas. Les professionnels interrogés estiment pour la plupart que le nombre d’usagers dotés de naloxone est insuffisant et ce bien que la moitié des équipes communiquent avec des affiches, flyers, vidéos, ou même sur YouTube. Ce sentiment partagé par les professionnels est d’autant plus fort que 27% des intervenants savent qu’une partie des boîtes distribuées a été utilisée pour traiter des surdoses et que 11% déclarent que des usagers fréquentant leur établissement sont décédés d’une surdose d’opioïde dans l’année écoulée.
Les principaux freins à la distribution de naloxone rapportés sont : le cadre réglementaire – le prix – la stigmatisation et le regard social – le manque de formation – les pratiques professionnelles. Les principaux leviers proposés sont : les outils d’information et la communication – les pratiques de systématisation de proposition et délivrance – la distribution immédiate et gratuite – la disponibilité au sein d’une structure des 2 formes, intramusculaire et intranasale.
Recommandations : Parce que la naloxone c’est l’affaire de tous, changeons les pratiques et optimisons les outils ! Notre groupe de travail demande : (1) des dotations supplémentaires ; (2) une campagne de communication nationale, non ciblée sur les usagers de drogues ; (3) un allègement du cadre réglementaire ; (4) la gratuité et l’amélioration de l’accès en pharmacie ; (5) des formations pour changer les pratiques et des logiciels facilitant le rappel de prescription et délivrance.