Document de politiques sur le VIH, l’hépatite C et les ITSs chez les autochtones

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Document de politiques sur le VIH, l’hépatite C et les ITSs chez les autochtones

9 mai 2023

Contexte La force et la résilience des peuples autochtones du Canada s’enracinent dans une riche diversité de cultures, de traditions et de valeurs qui sont depuis longtemps nourries par les systèmes de santé et les pratiques de guérison autochtones. Malgré cela, les peuples autochtones ont été – et demeurent – profondément affectés par l’histoire de colonialisme, de racisme et de discrimination systémique au Canada. Les rapports finaux de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) et de l’Enquête sur les FFADA ont clairement démontré que les pensionnats, la « rafle des années 60 » et d’autres manifestations d’oppression culturelle, de violence structurelle et de maltraitance ont entraîné des répercussions durables sur la santé, des traumatismes intergénérationnels et une marginalisation économique et sociale des peuples autochtones de ce pays. Ces systèmes d’oppression ont eu des répercussions sur toute une série de déterminants sociaux de la santé, notamment le revenu, l’éducation, l’emploi, le statut social, les conditions de travail et de vie, les pratiques sanitaires et le développement de l’enfant. À leur tour, les traumatismes et la marginalisation contribuent à des taux plus élevés et disproportionnés de VIH, de VHC, d’ITSS et de tuberculose dans les populations autochtones, ce qui est exacerbé par la discrimination et les obstacles auxquels elles sont confrontées dans leur quête d’accès aux soins de santé essentiels. Les femmes autochtones, en particulier, sont confrontées à des taux disproportionnés de VIH, de VHC et d’ITSS. Comme le dit le rapport de la CVR : « [L]e régime des pensionnats est une attaque contre la santé de générations de peuples autochtones, une attaque d’abord mise en évidence par les cicatrices physiques des maladies et des abus, mais aussi, qui continue de punir les peuples autochtones avec un héritage de vies marginalisées, de toxicomanie, de mauvaise santé mentale, de logements insalubres et de suicides ». En plus de ces déterminants de la santé, les peuples autochtones continuent d’être soumis à des degrés disproportionnés de criminalisation et d’incarcération qui alimentent un cycle de désavantages et de violations des droits humains.

Une réponse efficace au VIH, au VHC et aux ITSS parmi les peuples autochtones nécessite d’adopter une approche axée sur les droits humains, en privilégiant des interventions fondées sur des données probantes et sensibles à la culture, qui tiennent également compte des modes de connaissance et d’action autochtones. En plus des recommandations juridiques et de politiques décrites ci-dessous, il est impératif, pour aller de l’avant, d’assurer un accès véritablement équitable aux nouvelles technologies de soins de santé et aux nouvelles options de dépistage et de traitement. Les connaissances et les avantages de la recherche et du développement scientifiques (p. ex. la prophylaxie pré-exposition [PrEP], les médicaments injectables à longue durée d’action, les tests multiplex, l’autodépistage, etc.) doivent être partagés avec tous et toutes, de sorte que les communautés autochtones puissent arriver à des résultats équitables dans la réalisation du droit à la santé.

Dans le même temps, les modèles prohibitionnistes fondés sur la criminalisation ont maintes fois échoué à améliorer les résultats en matière de santé et ont causé en fait de grands dommages, en particulier pour les communautés autochtones. Des pratiques et des institutions, dont beaucoup sont liées entre elles, doivent être démantelées afin de répondre de manière holistique aux besoins des peuples autochtones et de faire respecter leurs droits, comme le préconisent les rapports de la CVR et l’Enquête FFADA. En particulier :

  • L’Appel à l’action 19 du rapport de la CVR demande aux acteurs de combler les écarts entre les résultats de santé des communautés autochtones et non autochtones.
  • L’Appel à l’action 30 demande à tous les ordres de gouvernement de s’engager à éliminer la surreprésentation des peuples autochtones en détention.
  • L’Appel à la justice 3.1 de l’Enquête FFADA demande aux gouvernements de veiller à ce que les droits à la santé et au bien-être des Autochtones (plus particulièrement des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA) soient protégés de façon équitable.
  • Les Appels à la justice 3.2, 3.4, 7.1 et 7.2 demandent aux acteurs gouvernementaux de financer et de soutenir par des ressources des services appropriés de santé et de bien-être pour les communautés autochtones, y compris des programmes concernant les traumatismes et le traitement des dépendances.

Il est important de noter que les besoins et intérêts spécifiques des Métis et des Inuits, notamment en matière de santé, doivent être pris en compte parallèlement à ceux des communautés des Premières Nations, comme le soulignent les Appels 16.7 et 17.21 de l’Enquête FFADA.

En outre, diverses sources de droit international en matière de droits humains servent de points de référence clés étayant les positions du présent document de politiques. La plus importante d’entre elles est la Déclaration des Nations Unies, que le Canada a pleinement approuvée sur la scène internationale en 2016 et incorporée au droit national en 2021. La Déclaration de l’ONU garantit aux peuples autochtones le droit à la pleine jouissance de tous les droits humains et de toutes les libertés fondamentales reconnus par la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit international des droits humains (article 1), notamment le droit à la non-discrimination (article 2), le droit à la vie, à l’intégrité physique et mentale, à la liberté et à la sécurité de la personne (article 7), le droit de participer à la prise de décision sur les questions qui affectent leurs droits (article 18), le droit à l’amélioration des conditions économiques et sociales, y compris dans le domaine de la santé (article 21), le droit de participer activement à l’élaboration et à la détermination des programmes sanitaires et sociaux (article 23) et le droit égal au meilleur état de santé physique et mentale qui puisse être atteint et le droit au maintien des pratiques de santé traditionnelles (article 24). Comme l’a confirmé l’Enquête FFADA, les obligations du Canada en vertu du cadre international des droits humains peuvent servir de mécanismes de responsabilisation et de points de référence précieux lorsqu’il s’agit d’améliorer les résultats pour les peuples autochtones.