Réduction des risques et usages de drogues en détention : une stratégie sanitaire déficitaire et inefficiente

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Réduction des risques et usages de drogues en détention : une stratégie sanitaire déficitaire et inefficiente

23 avril 2012

Pour réaliser cette enquête, un questionnaire anonyme sur la consommation de drogue avant et pendant l'incarcération a été proposé à la population détenue du Centre Pénitentiaire de Liancourt. 54% des 700 détenus ont répondu. C'est la première fois qu'une étude française pose des question aux détenus sur leur consommation de drogue pendant l'incarcération. Les résultats mettent en lumière les failles béantes du système.

La consommation de drogues illicites est plus élevée dans la prison que dans la population générale, puisque respectivement 38%, 7,1% et 8,1% des répondants déclarent avoir consommé du cannabis, de la cocaïne et de l'héroïne pendant l'incarcération. De plus, l'alcool, normalement interdit en prison a été consommé par 18,9% des répondants pendant leur incarcération. Au niveau des modes de consommation, l'héroïne a été sniffé par 4,2%, fumée par 3,4% et injecté par 1,1% des répondants pendant l'incarcération. De même pour la cocaïne, sniffé par 4,5%, fumée par 2,6% et injectée par 1,1% des répondants.

La prison est aussi un lieu d'initiation à la consommation de drogue, puisque parmi les personnes qui n’avaient jamais consommé de drogues illicites avant incarcération, 3,2 % ont débuté la consommation d’au moins une drogue en prison .

L’enquête nous rappelle que la prison est un lieu de concentration des usagers de drogues. Mais paradoxalement les moyens sanitaires disponibles sont considérablement inférieurs à ceux disponibles en milieu libre. Dans le centre pénitentiaire de Liancourt, il n’est par exemple pas prévu de poste d’addictologue, les temps sanitaires disponibles ne permettent pas la mise en place d’un cadre thérapeutique, ou encore, à peine plus de la moitié des usagers de drogue en sniff ou en injection durant leur incarcération connaissait leur statut VIH, et moins de la moitié connaissaient leur statut VHC et VHB.

L’enquête conclut que le cadre répressif carcéral ne paraît pas dissuasif par rapport à la consommation de drogue, et que la répression apparaît aussi inefficace à l’extérieur qu’à l’intérieur de la détention. Elle propose la mise en place d'une véritable politique sanitaire sur l'usage de drogue en milieu carcéral, en citant des exemples comme la mise en place des Test d’Orientation et de Dépistage Rapide (TROD), ou la mise à disposition de programmes d’échange de seringue et de kits à sniff.

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