Detail of the cover of The Global Fund's Investment Case - Eighth Replenishment 2025
Le Canada doit faire preuve de leadership lors de la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial – Lettre ouverte
Le très honorable Mark Carney, C.P., député
Premier ministre du Canada
80, rue Wellington
Ottawa, Ontario
K1A 0A2
Monsieur le Premier ministre,
La huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le « Fonds mondial ») aura lieu en novembre prochain, avec le parrainage conjoint de la République d’Afrique du Sud et du Royaume-Uni. C’est un tournant décisif dans la lutte contre les trois maladies infectieuses les plus mortelles au monde et dans nos progrès vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui promet de ne laisser personne de côté.
Le Canada est depuis longtemps un partenaire crucial du Fonds mondial, dont il est le septième plus grand bailleur de fonds, et un ardent défenseur des droits humains, de l’égalité des genres et de la santé mondiale. Le leadership continu du Canada sur la scène mondiale est plus vital que jamais. En tant que président du G7 en 2025 et partenaire de longue date du Fonds mondial, un engagement financier audacieux de notre pays dans la huitième reconstitution des ressources est l’un des moyens les plus efficaces de sauver des vies, d’améliorer la santé de millions de personnes, de protéger les droits humains et de renforcer la sécurité et la prospérité mondiales pour tou-te-s. De plus, à titre de président du G7 et ancien hôte d’une reconstitution des ressources du Fonds mondial (2016), le Canada a désormais un rôle diplomatique particulier, une responsabilité et le privilège de montrer l’exemple, en fixant la norme que les autres gouvernements devraient suivre.
Nous, organismes soussignés, représentons les communautés affectées par le VIH, la tuberculose et le paludisme, de même que les allié-es de la société civile au Canada et dans le monde. Nous appelons le gouvernement du Canada à démontrer son leadership continu en matière de santé mondiale et de droits humains en s’engageant à verser 457 millions de dollars canadiens par an (soit 1,37 milliard de dollars canadiens sur trois ans) à la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial.
La bonne santé et le bien-être (ODD 3) sont à la fois une cause et une conséquence du développement durable. Ils sont le fondement de sociétés fortes, productives et résilientes; et de nombreuses preuves démontrent leur retour considérable sur investissement, leurs bienfaits économiques pour d’autres secteurs et leur valeur ajoutée. Investir dans le Fonds mondial est un choix stratégique qui correspond aux priorités du Canada en matière de leadership et de sécurité mondiale, de croissance économique inclusive, de protection des droits humains, d’égalité des genres et de développement durable.
Au cours des deux dernières décennies, grâce à une collaboration étroite entre les communautés les plus touchées par ces trois maladies, les gouvernements (récipiendaires et donateurs), le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques, le Partenariat du Fonds mondial a sauvé 70 millions de vies. Notre impact collectif a été monumental. Par exemple, les taux d’incidence des trois maladies ont diminué de 42 % et nous avons réussi à réduire de 63 % le taux de mortalité combiné du sida, de la tuberculose et du paludisme. Ces investissements dans la santé permettent non seulement de sauver des vies, mais aussi de soutenir les communautés, de renforcer des systèmes de santé cruciaux et des infrastructures essentielles, et de stimuler la productivité économique et le développement socio-économique à plus grande échelle.
Avec un objectif d’au moins 18 milliards de dollars US, une huitième reconstitution des ressources entièrement financée permettrait de sauver 23 millions de vies supplémentaires, de prévenir 400 millions de nouvelles infections et de réduire encore plus les taux de mortalité. Un Fonds mondial entièrement financé aurait d’autres effets salvateurs, notamment :
- un renforcement de la préparation aux pandémies, en protégeant les personnes et les communautés du Canada et du monde entier grâce à des investissements dans le diagnostic, les travailleur(-euse)s de santé communautaire, les systèmes de surveillance des maladies et les réponses résilientes dirigées par les communautés;
- une résilience accrue aux changements climatiques, en aidant les systèmes de santé et les communautés à se préparer aux chocs climatiques et aux menaces de maladies à transmission vectorielle, et à y résister;
- de solides retombées économiques, y compris un rendement estimé à 19 dollars US pour chaque dollar investi – ce qui pourrait représenter environ 323 milliards de dollars US au cours des trois prochaines années;
- une stabilité et une équité mondiales accrues grâce à la lutte contre les causes profondes de pauvreté et d’insécurité; et
- une protection garantie des droits humains des populations les plus marginalisées et criminalisées, dans les contextes où ils sont actuellement menacés.
Le Canada fait partie intégrante de la communauté internationale. Il a donc la responsabilité de protéger le bien-être des populations, partout dans le monde. Les leçons que nous avons collectivement tirées de la récente pandémie de COVID-19 montrent qu’une épidémie qui se déclare à un endroit peut rapidement se transformer en crise de santé mondiale aux coûts humains et économiques considérables. La sécurité sanitaire mondiale doit être une priorité au même titre que le programme de sécurité plus large; l’un ne va pas sans l’autre. La lutte contre les maladies infectieuses mortelles est dans l’intérêt général. L’histoire nous a appris que les éclosions mondiales sont inévitables, mais que nous pouvons prévenir les épidémies et les pandémies.
Nous devons protéger et accélérer les progrès remarquables que nous avons réalisés depuis la création du Partenariat du Fonds mondial en 2002. Le Canada a investi des milliards de dollars aux paliers national et international pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Si nous abandonnons maintenant, des millions de vies sont en jeu ainsi que l’argent des contribuables. La poursuite de ce combat jusqu’à la victoire est un impératif moral et une question de saine gestion financière. Nous appelons le Canada à montrer l’exemple en s’engageant à verser 1,37 milliard de dollars canadiens sur trois ans à la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial. Grâce au leadership audacieux du Canada, à des investissements judicieux et à la pleine utilisation des outils à notre disposition, nous pouvons franchir une nouvelle étape décisive pour mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme et pour bâtir un avenir plus sain et plus sûr pour tou-te-s.
Cc. : L’honorable Randeep Sarai, secrétaire d’État (Développement international)
L’honorable Anita Anand, ministre des Affaires étrangères
L’honorable Shafqat Ali, président du Conseil du Trésor
Signataires :
Réseau juridique VIH
(Canada)
Fondation Stephen Lewis
(Canada)
Régions
Profils associés
- International Drug Policy Consortium (IDPC)