Crack à Paris : « Il faut s’inspirer des expériences passées, pas des perpétuelles idéologies répressives »

Mehdi Chebil / Hans Lucas via Reuters Connect

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Crack à Paris : « Il faut s’inspirer des expériences passées, pas des perpétuelles idéologies répressives »

28 mai 2021

Par Le Monde

Face à une situation de plus en plus dégradée de vente et de consommation de crack dans l’espace public du 19e arrondissement parisien, la décision a été prise, le 17 mai, de repousser les personnes usagères et revendeuses dans un jardin public du 18e arrondissement, le jardin d’Eole. L’objectif affiché est de contenir la scène ouverte sur un espace et des horaires restreints (de 19 h 30 à 1 heure du matin), le moins en proximité possible avec les habitations. Cette décision fait suite à une longue série de déplacements des scènes ouvertes depuis l’émergence de la consommation de crack en Ile-de-France au début des années 1990, dont la place Stalingrad était déjà le principal point d’attache. A cette différence que le nombre de personnes usagères de drogues augmente et que leur situation sociale, sanitaire et psychiatrique se dégrade, décennie après décennie, rendant la cohabitation dans l’espace public toujours plus difficile.

Depuis 2009, les usagers et revendeurs de crack n’ont cessé d’être réprimés, entraînant le déplacement de la scène de consommation entre Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), des cités du 19e arrondissement, les stations de métro du Nord-Est parisien, la gare du Nord, la porte de La Chapelle (dans un endroit connu sous le nom de « squat de la Colline »), le jardin d’Eole ou la place Stalingrad. Ces différents épisodes ont tour à tour rapproché ou éloigné les usagers de drogues des lieux d’habitation, mais ils sont restés sans effet sur l’existence même de ces scènes de consommation ou le nombre de personnes qui les fréquentent.

Nous assistons donc depuis le 17 mai à un nouveau déplacement des personnes par les forces de police, dans la même indignité pour les usagers de drogues, reproduisant les mêmes scènes de consommation, de violence, de détresse physique et psychique, intolérables pour tous, aussi bien pour les usagers de drogues que pour les habitants du quartier ou les professionnels du secteur médico-social. L’étape suivante est écrite, seul le lieu reste encore inconnu et une énième évacuation aura lieu dans quelques mois.