Principes politiques de l'IDPC
Les cinq principes politiques fondamentaux constituent le fondement de notre travail collectif.
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Les membres du Consortium ont décidé de promouvoir 5 principes politiques pour notre travail de sensibilisation envers les gouvernements et agences internationales:
Principe 1: Priorités & preuves
Les décisions politiques liées aux drogues doivent être prouvées par les meilleures données disponibles
La plupart des pays ont adopté des lois pour contrôler la production, la distribution et la consommation de drogues afin de se conformer aux obligations qui leur incombent en vertu des conventions des Nations unies sur les drogues. Cependant, à mesure que les autorités politiques ont pris conscience de la complexité des facteurs affectant les niveaux et les modèles des marchés et de la consommation de drogues, il est devenu évident que des stratégies nationales complètes et intégrées étaient nécessaires. L'IDPC promeut une approche structurée de l'élaboration et de la révision des politiques en matière de drogues, qui comprend :
- L'identification d'objectifs de haut niveau découlant d'une évaluation des conséquences les plus dommageables pour la société. La société civile devrait être engagée dans ce processus.
- Un ensemble d'activités gouvernementales fondées sur des preuves qui seront les plus efficaces pour atteindre ces objectifs. Par exemple, le traitement de la dépendance aux drogues s'est avéré plus efficace pour réduire les problèmes de santé liés aux drogues que les arrestations et les sanctions.
- La participation de tous les départements gouvernementaux responsables de ces activités (notamment les départements de la santé, des affaires sociales, de la justice, de l'éducation et des affaires étrangères), en partenariat avec les autorités municipales locales et les organisations communautaires, confessionnelles et de la société civile.
- Des ressources adéquates mises à disposition par le gouvernement.
- Une articulation claire de la portée et de la durée de la stratégie, ainsi que de la manière et du moment où ses progrès seront mesurés.
Principle 2: Droits humains
Toutes les activités doivent être entreprises dans le plein respect du droit international concernant les droits humains.
Les gouvernements et les autorités chargées de l'application de la loi ont parfois accordé trop peu d'attention aux libertés et aux droits fondamentaux dans leur enthousiasme à concevoir et à mettre en œuvre des politiques nationales relatives aux drogues, malgré leur obligation de protéger les droits humains en vertu des traités des Nations unies. En conséquence, les violations des droits humains ont proliféré dans le cadre des politiques actuelles de contrôle des drogues.
L'IDPC encourage un changement de paradigme par lequel le droit international des droits humains devient un élément central du cadre juridique relatif au contrôle des drogues :
- Santé publique : amélioration de l'accès aux médicaments essentiels et aux programmes de réduction des risques, de prévention, de traitement et de soins.
- Développement : recentrer les stratégies relatives aux drogues sur le développement alternatif, la réduction de la pauvreté et le développement social et économique des communautés marginalisées.
- Sécurité humaine : recentrer les efforts de répression sur les personnes les plus responsables du contrôle et de l'expansion des marchés des drogues, plutôt que sur les dealers de bas niveau, les personnes usagères et les personnes impliquées dans des cultures de subsistance.
Principle 3: Réduction des risuqes
Les politiques en matière de drogue devraient se concentrer sur la réduction des conséquences néfastes plutôt que sur l'ampleur de la consommation et des marchés des drogues.
Au cours du siècle dernier, les gouvernements nationaux ont axé leurs stratégies de contrôle des drogues sur la réduction de l'ampleur des marchés des drogues, principalement par des mesures de répression et de dissuasion, dans le but de réduire les dommages liés aux drogues. Ces tentatives ont été largement infructueuses, et ces politiques ont souvent entraîné des dommages supplémentaires. Par exemple, les lois qui criminalisent la consommation de drogues et la possession d'accessoires d'injection encouragent la police à harceler les personnes usagères de drogues dans les sites d'échange de seringues, les éloignant ainsi des services de prévention des maladies.
Les faits et l'expérience montrent que les politiques et les programmes qui se concentrent explicitement sur la réduction des risques spécifiques sont plus efficaces que ceux qui tentent de créer une société « sans drogue ». Les mesures de réduction des risques visent à réduire les conséquences néfastes de la consommation de drogue et des marchés. La réduction des risques fait souvent référence à des mesures de promotion de la santé (telles que les programmes d'échange de seringues, la prévention et le traitement), mais elle englobe également des mesures qui réduisent un large éventail de dommages économiques, sociaux et sanitaires pour l'individu, la communauté et la population dans son ensemble. La réduction des risques est une approche pragmatique qui reconnaît que la réduction de l'ampleur des marchés et de la consommation de drogues n'est pas le seul et le plus important objectif de la politique en matière de drogues. Les gouvernements devraient donc commencer par évaluer les méfaits des drogues qui ont l'impact le plus négatif sur leurs citoyens. Ils seront alors mieux à même de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies pour s'attaquer à ces problèmes spécifiques.
Principle 4: Inclusion sociale
Les politiques et les activités doivent viser à promouvoir l'inclusion sociale des groupes marginalisés et ne pas se concentrer sur des mesures punitives à leur égard.
Les conditions de vie difficiles, les traumatismes et les difficultés émotionnelles qui en découlent sont des facteurs importants dans le développement des problèmes liés aux drogues. Alors que les départements des affaires sociales et les agences de développement international se sont attachés à améliorer les conditions de vie des groupes pauvres et marginalisés et à les intégrer dans la vie sociale et économique, les politiques de contrôle des drogues ont souvent eu l'effet inverse sur les personnes usagères de drogues et les personnes impliquées dans des cultures illicites. Par exemple, la stigmatisation et la criminalisation des personnes usagères des drogues limitent leur capacité à s'engager dans une activité sociale et économique, et le fait de punir les jeunes qui utilisent des drogues les exclut de l'éducation ou des possibilités d'emploi. Il est prouvé que les programmes axés sur des sanctions pénales sévères à l'égard des personnes usagères de drogues ont eu peu d'effet dissuasif et n'ont fait qu'accroître l'exposition des personnes usagères aux risques sanitaires et aux groupes criminels.
L'IDPC encourage les politiques qui remettent en cause la marginalisation sociale et la stigmatisation des individus et des groupes les plus vulnérables aux risques. Les programmes de répression, de prévention et de traitement devraient inclure une dimension sociale :
- Les politiques en matière de drogues devraient éviter les mesures qui aggravent la marginalisation des personnes qui utilisent de drogues et des personnes impliquées dans des cultures illicites, et les encourager plutôt dans des programmes de réinsertion ou de développement alternatif. La dépendance aux drogues devrait être considérée comme un problème de santé, plutôt que comme un problème criminel.
- Les programmes de prévention devraient être conçus de manière à éviter les mesures qui empêchent les personnes vivant avec une dépendance aux drogues de passer sainement à l'âge adulte (comme l'exclusion de l'école ou le refus de services).
- Les programmes de traitement de la dépendance aux drogues devraient permettre aux personnes usagères de se réintégrer avec succès dans la société.
- Les politiques en matière de drogues devraient être élaborées et mises en œuvre avec la participation pleine et entière des personnes les plus touchées par ces politiques - en particulier les personnes usagères de drogues et les personnes impliquées dans de cultures illicites.
Cette approche implique également l'adoption de politiques sanitaires, sociales et économiques plus larges. Les niveaux globaux de pauvreté, d'inégalité et de cohésion sociale ont un impact à long terme plus important sur la prévalence de la consommation de drogue et des problèmes connexes dans toute société que les politiques nationales spécifiques en matière de drogue. Si la priorité d'un gouvernement est de réduire le niveau global de dépendance aux drogues, il doit s'attacher à relever ces défis sociaux plus larges plutôt que d'aggraver l'exclusion sociale par des politiques des drogues sévères.
Principle 5: Participation de la société civile
Les gouvernements doivent établir des relations ouvertes et constructives avec la société civile lors de la discussion et de la mise en œuvre de leurs stratégies.
Les autorités politiques considèrent souvent la société civile comme un problème à éviter. Pourtant, les ONG et les personnes directement concernées par les politiques en matière de drogue (en particulier les personnes usagères de drogues et les personnes impliquées dans des cultures de produits illicites) constituent une source d'expertise inestimable en raison de leur compréhension des marchés des drogues et des communautés touchées. Ils peuvent donc jouer un rôle majeur dans l'analyse du phénomène des drogues et dans la mise en œuvre de programmes sanitaires et sociaux. Ils devraient donc être impliqués dans la conception et la mise en œuvre des politiques relatives aux drogues, en particulier :
- Formuler une politique en matière de drogues mieux informée et soutenir la formulation de politiques appropriées sur la base de conseils et d'expériences pratiques.
- Renforcer le soutien politique à la conception et à la mise en œuvre des politiques
- Faciliter la communication entre les responsables politiques et les principales parties prenantes de la société civile, en veillant à ce que les personnes et les communautés soient impliquées dans la planification des interventions qui auront un impact sur elles.
- Rechercher des partenariats mutuellement bénéfiques avec des organisations de la société civile pour entreprendre une programmation conjointe et/ou agir en tant que responsables de la mise en œuvre des programmes.
- Stimuler un réseau dynamique d'organisations de la société civile pouvant soutenir la conception et la mise en œuvre des politiques.
- Améliorer les capacités de suivi et d'évaluation.
L'IDPC cherche à faciliter la création de lignes de communication claires et ouvertes entre les gouvernements et les représentants de la société civile afin de s'engager dans un échange significatif et respectueux d'informations et de perspectives.