Au Maroc, les cultivateurs du Rif toujours « dans le brouillard » deux ans après la loi sur le cannabis

Pien Metaal/TNI

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Au Maroc, les cultivateurs du Rif toujours « dans le brouillard » deux ans après la loi sur le cannabis

5 juin 2023
Aurélie Collas
Le Monde

L’année 2023 sera peut-être celle de sa première récolte légale de cannabis. Après des années dans la semi-clandestinité, Aziz a décidé de se ranger « du côté de la loi ». Ce cultivateur du Rif, région montagneuse du nord du Maroc qui abrite l’une des plus grandes productions de la planète, entend tourner le dos aux narcotrafiquants pour vendre son « kif » aux industriels lancés dans la fabrication de produits issus du cannabis.

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Dans un hameau près de Talambote, à une vingtaine de kilomètres de Chefchaouen, c’est au bout d’une piste sinueuse bordée de conifères que se trouvent les parcelles d’Aziz. La saison a démarré. Le cultivateur de 38 ans vient de semer les graines pour la récolte de l’été. Il y a quelques mois, il a créé sa coopérative, comme l’exige la loi adoptée par le Maroc en 2021, qui autorise la culture de cannabis à des fins médicales et industrielles tout en maintenant prohibé son usage récréatif. Il a demandé une licence à l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac). Il lui reste à trouver une entreprise prête à lui acheter sa récolte. « Deux Américains sont venus dans le village il y a quelques jours, raconte-t-il. Ils veulent construire une usine dans la région et auront besoin de grandes quantités. Ils sont intéressés par nos plantes. Nous n’avons pas encore parlé du prix. »

Dans les douars alentour, Aziz fait figure de précurseur. Selon lui, « la plupart des cultivateurs n’ont rien entrepris ». S’il a décidé de franchir le pas, c’est surtout pour vivre sans la peur de poursuites, car « il y a toujours le risque qu’un acheteur attrapé par la police ou un voisin malveillant vous dénonce ». « Mais financièrement, dit-il, je ne vois pas ce que le circuit légal va nous apporter. »