Malgré l’échec, l’ONU poursuit le dogme de la prohibition de la drogue

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Malgré l’échec, l’ONU poursuit le dogme de la prohibition de la drogue

17 avril 2019

Depuis le plan d’action adopté en 2009 par les Nations unies visant à éliminer ou réduire sensiblement la culture, la production, la consommation illégales et le trafic de drogues, le constat est amer. La politique de prohibition prônée par la Commission des stupéfiants (CND) de l’ONU à Vienne est «un échec colossal». Jeudi et vendredi derniers, la 62e session de la CND n’en a pourtant pas tiré les leçons. L’ONU n’a procédé à aucune évaluation critique. Dans sa déclaration ministérielle, très équivoque, elle parle de «progrès tangibles» tout en admettant que la production de stupéfiants et de substances psychotropes ainsi que le trafic illégal de drogues ont «atteint des niveaux record».

Production d’opium à la hausse

Membre de la Commission globale de politique en matière de drogues basée à Genève et ex-directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Michel Kazatchkine est révolté: «Je suis frappé par la mauvaise foi de cette déclaration.» Les chiffres, établis par l’International Drug Policy Consortium (IDPC), un réseau de plus de 180 ONG, parlent d’eux-mêmes. Entre 2009 et 2018, la culture du pavot à opium a augmenté de 125% et celle de la coca de 30%. Le nombre de consommateurs de stupéfiants et substances psychotropes, âgés de 15 à 64 ans, a lui aussi explosé, se chiffrant à 275 millions de personnes, soit une augmentation de 31% par rapport à 2009. Enfin, le nombre de décès (overdoses, VIH, hépatite C) liés aux drogues s’est élevé à 450 000 en 2015. Plus de 800 nouvelles substances psychoactives ont fait leur apparition sur un marché mondial de la drogue estimé entre 426 et 652 milliards de dollars.