Salles de consommation à moindre risque en France : rapport scientifique

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Salles de consommation à moindre risque en France : rapport scientifique

11 mai 2021

Par Institut de Santé Publique de l’Inserm

La situation épidémiologique des personnes qui injectent des substances (PQIS) vis-à-vis du virus de l’hépatite C (VHC) et du VIH appelle aujourd’hui à de nouveaux moyens de prévention et de soins, particulièrement pour les plus précarisés et en marge du système de santé. L’expertise collective INSERM sur la réduction des risques (RdR) publiée en 2010 a souligné l’importance d’évaluer les dispositifs existants (INSERM, 2010). Il apparaît que, malgré l’existence de dispositifs de prévention et de soins en France, une proportion importante de PQIS présente des pratiques à risque de transmission du VHC et du VIH (Jauffret-Roustide et al., 2013).

Ce constat suggère qu’il est nécessaire de renforcer les dispositifs existants comme les programmes d’échange de seringues, assurer l’accès élargi aux médicaments de l’addiction aux opiacés et développer des outils innovants pour lutter contre l’épidémie de VHC chez les usagers de substances. Les données issues des travaux réalisés à l’étranger montrent que des outils de prévention et de RdR comme les Salles de Consommation à Moindre Risque (SCMR) permettraient de diminuer les pratiques à risque, d’améliorer la santé des PQIS et de diminuer les troubles à l’ordre public (Kennedy et al., 2017). Les SCMR (aussi appelées local d’injection ou centre d’injection supervisé dans d’autres pays francophones) sont des structures de soins de santé encadrées par du personnel qualifié qui permettent aux usagers de substances de consommer dans des conditions plus sûres (par injection ou par inhalation). Elles sont aujourd’hui largement présentes en Europe – certaines depuis plus de 30 ans – avec plus de 80 salles réparties dans 9 pays.

En 2012, la MildT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie aujourd’hui MILDECA) sollicitait le SESSTIM, le CERMES3 et SANPSY pour conduire l’évaluation des SCMR qui sera adossée à l’expérimentation nationale. De cette demande, nait le projet SIMES (Salles d’Injection Médicalement Supervisée) englobant à la fois un projet d’évaluation longitudinale auprès des PQIS, une étude d’acceptabilité auprès des riverains et une enquête géographique. A cet effet, une visite du site de Vancouver est programmée et Perrine Roux, coinvestigatrice du projet, part à la rencontre des chercheurs de l’équipe de Vancouver du British Columbia Center of Substance Use (BCCSU) (Thomas Kerr et Will Small, initiateurs de l’évaluation de la SCMR de Vancouver) et visite la salle de consommation Insite.

Ce début de collaboration permet à l’équipe de COSINUS d’obtenir les outils de recueil de données du volet cohorte et acceptabilité sociale. Thomas Kerr, chercheur au BC Center on HIV, fera partie ensuite du conseil scientifique de COSINUS. Depuis 2020, Marie Jauffret-Roustide est accueillie comme Affiliate Research Scientist au BCCSU afin de poursuivre des travaux de comparaison internationale France-Canada sur la dimension sociologique de l’évaluation des SCMR.