L’Aide-mémoire de la réduction des risques en addictologie

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L’Aide-mémoire de la réduction des risques en addictologie

29 octobre 2012

À la rentrée 2012, les éditions Dunod ont publié un Aide-mémoire de la réduction des risques en addictologie. Cet ouvrage collectif sous la direction d’Alain Morel, Pierre Chappard et Jean-Pierre Couteron connait un certain succès, et bien que la première édition soit encore accessible son éditeur prévoit d’ores et déjà une prochaine réédition début 2013.

La collection « L’Aide-mémoire » propose des ouvrages qui présentent les notions clés d’un domaine de façon structurée et synthétique. Ici, c’est en 22 notions que la réduction des risques est abordée dans toutes ses dimensions : historique, conceptuelle, pratique, institutionnelle. En plus de 300 pages pourvues d’annexes utiles pour le professionnel, l’essentiel des questions est traité de manière approfondie. Plaidoyer pour un paradigme plein d’avenir, cet aide-mémoire plutôt centré sur les substances illicites ou détournées, n’oublie ni le tabac ni l’alcool, ni les addictions comportementales. De la même manière les différents contextes de consommation, modes d’administration, ainsi que les différentes populations à risque et les différentes sortes de dommages sont envisagées.

Votre serviteur a modestement contribué à la rédaction avec Jean-Pierre Couteron du chapitre « Qu’est-ce que le risque ? » où l’on explore la notion d’une manière approfondie en y analysant entre autre la sémiotique du concept.

Il est intéressant, à un moment où le débat sur la dépénalisation du cannabis pointe le bout de son nez pour la énième fois, qu’une synthèse rigoureuse sur la réduction des risques soit disponible en librairie. En effet, depuis des années maintenant, les termes du débat sont affligeants d’indigence. Les idéologies s’affrontent dans le mépris absolu des connaissances scientifiques.

C’est le cas pour les sciences humaines et sociales dont les travaux sont peu pris en compte pour construire des arguments à la hauteur des enjeux dont il est question. Car ce dont il s’agit, c’est ni plus ni moins de l’organisation d’une existence intelligente des humains avec les psychotropes dans les sociétés contemporaines. Ce que nous apprend l’anthropologie lorsqu’elle étudie les rapports que les sociétés ont entretenu avec les psychotropes dans leurs diversités et aussi loin que nous en ayons connaissances, tient en peu de choses : la régulation culturelle des usages limite les problèmes que les membres d’une société peuvent connaitre.

Le déni de ce rapport universel qu’Homo sapiens entretient avec les psychotropes au travers de plusieurs fonctions anthropologiques (sacré, thérapeutique, social) est la cause de l’échec récurrent et aggravé des politiques de « lutte contre les drogues » des sociétés contemporaines.

Le débat restera dans une impasse tant que celui-ci n’aura pour horizon que l’opposition entre éradication et libéralisation des « drogues ». Pour sortir de l’impasse, le défi politique qui est devant nous consiste à penser ce qu’implique, en terme de régulation culturelle, l’émergence de l’usage de drogue comme nouvelle fonction anthropologique dans les sociétés modernes.

Serge Escots

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