Le microdosage des substances psychédéliques : bienfait pour la santé ou mirage de la Silicon Valley ?

Pixabay

Actualités

Le microdosage des substances psychédéliques : bienfait pour la santé ou mirage de la Silicon Valley ?

3 février 2020

Par Olivier Taymans, Maurizio Ferrara, Sarah Fautré

Cet article constitue un compte rendu de la conférence organisée le 13 novembre 2019 au Beurscafé (Bruxelles) par la Liaison Antiprohibitionniste, en partenariat avec le projet Modus Fiesta.

Les processus de décriminalisation des psychédéliques aux États-Unis
Aux États-Unis, la psilocybine (principe actif des champignons hallucinogènes) est illégale depuis les années 60 et classifiée drogue de catégorie 1 (« Schedule I »), ce qui signifie qu’elle est considérée à haut risque d’addiction et sans potentiel médical. La recherche scientifique n’est pas impossible pour autant mais cela la rend plus compliquée à mettre en œuvre et plus lourde d’un point de vue administratif et réglementaire. Cependant, trois villes ont décidé de changer la donne…

La première a avoir décriminalisé l’usage des champignons est Denver (Colorado) en mai 2019. L’objectif de cette décriminalisation est double. Il s’agit d’un premier pas vers la légalisation pour que la ville, voire l’État, soient pionniers sur le marché comme ils l’ont fait avec le cannabis il y a 7 ans. De plus, elle vise à ce que la possession de champignons ne fasse plus partie des priorités des forces de l’ordre, qui pourront ainsi déployer leur énergie sur d’autres points essentiels.

En juin 2019, Oakland (Californie) devient la deuxième ville américaine à voter la décriminalisation de la psilocybine et de tout autre psychédélique de source « naturelle » tel que l’ayahuasca, le peyotl ou l’iboga. Cette mesure empêche de poursuivre les citoyens qui possèdent et consomment ces psychédéliques, mais elle exclut l’usage et la possession de drogues de synthèse telles que le LSD ou la MDMA. Les activistes qui ont participé à la mise en place de cette mesure ont plaidé pour l’usage thérapeutique et son potentiel pour la recherche. La psilocybine, l’ayahuasca, le peyotl et l’iboga sont des plantes dites enthéogènes, c’est-à-dire qu’elles peuvent induire des expériences spirituelles.

Tout récemment, en octobre 2019, Chicago (Illinois) a aussi voté la décriminalisation de plantes dites enthéogènes et des champignons. La ville a clairement souhaité suivre la position des deux villes pionnières en mentionnant, entre autres, l’intérêt thérapeutique des psychédéliques notamment pour faire face à la crise des opioïdes aux États-Unis, mais aussi pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique, de la dépression, des dépendances aux opiacés ou à la méthamphétamine, ainsi que pour un meilleur soutien de personnes en fin de vie qui sont atteintes de maladies graves telles que le cancer.