Burkina Faso: Tramadol, les ravages de la «cocaïne du pauvre»

Actualités

Burkina Faso: Tramadol, les ravages de la «cocaïne du pauvre»

9 novembre 2016

Par: bol

A l’aube, les lampadaires s’éteignent et Pogbila s’étire. Il a les muscles endoloris des kilomètres marchés sous le soleil, la veille. Il branche des pinces crocodiles sur une batterie connectée à un panneau solaire : le halo gris d’un petit néon posé sur sa natte éclaire faiblement les quatre murs de béton entre lesquels il vit. Pogbila enfourne une casserole de coquillettes froides. Puis, d’un geste imperceptible, avale un petit comprimé de tramadol. Du «missile», comme le surnomment les travailleurs dans les rues de Ouagadougou.

En France, cet antidouleur est délivré sur ordonnance aux patients souffrant du dos, des articulations ou se remettant d’une opération. En pharmacie, le tramadol est dosé à 50 milligrammes. La plaquette de«missiles» de Pogbila annonce 200 milligrammes. Le comprimé fait effet. Les crampes s’estompent. L’homme écoute la pulsation du sang qui gonfle ses tempes et profite de «l’énergie» que lui apporte cet analgésique opioïde. «Avec ça, mon cœur bat plus, je marche comme je veux. Le médicament me conserve un peu, me donne du courage et j’oublie mes soucis. Je peux travailler et gagner de quoi vivre», explique l’homme de 27 ans, en évitant les mares croupies qui piègent les ruelles de Nagrin. Ce quartier pauvre de Ouagadougou n’a ni eau courante, ni électricité. Des maisons de terre agglutinées délimitent un parcours sinueux qui débouche sur une route goudronnée, puis sur le secteur huppé de Ouaga 2 000 où fonce Pogbila sous les premiers rayons du soleil. C’est là qu’il va vendre ses ceintures. Comme de nombreux marchands ambulants, pendant la journée, il va parcourir une trentaine de kilomètres dans la fournaise ouagalaise.

Lire l’intégralité de l’article.

Abonnez-vous à l'Alerte mensuelle de l'IDPC pour recevoir des informations relatives à la politique des drogues.

Thumbnail: CC Wikimedia