La première salle de consommation à moindre risque ouvre à Paris

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La première salle de consommation à moindre risque ouvre à Paris

12 octobre 2016
Beatrice Stambul

11 octobre. Inauguration de la 1ere SCMR française à Paris, Hôpital Lariboisière.

Toute la presse en parle avec toujours ces « salles de shoot » en titre de certains journaux, dont la note péjorative ne nous échappe pas. J’ai pris le train de 6h du matin de Marseille, moi qui ai participé pendant 2 ans dans ma ville à un comité d’experts pour la mise en place d’un dispositif équivalent, pour être finalement déboutée par notre maire…

Impossible de rater l’entrée, une noria de caméras, micros est installée devant la porte, car la ministre Marisol Touraine, et la maire de Paris Anne Hidalgo viennent de passer et de rappeler l’avancée significative que cet outil de la Réduction des Risque marque en termes d’accès aux soins, de sauver des vies etc ..

Les lieux sont vastes (400m2), clairs, accueillants, bien conçus. Des couleurs claires et vives, un circuit qui privilégie l’accueil la fonctionnalité et la sécurité. L’équipe de GAIA, badge sur la poitrine nous accueille, nous pilote à travers les différents espaces dédiés. Tout semble bien pensé, fort des expériences suisses, canadiennes ou espagnoles qui ont déjà fait leurs preuves. Le petit monde des partenaires, collègues se presse, se reconnaît s’embrasse, se congratule. Jean Pierre LHOMME, président de GAIA, fondateur du 1er bus PES de Médecins du Monde circule, un sourire permanent aux lèvres, Elisabeth AVRIL, la directrice est plus tendue, soucieuse du bon déroulement de l’événement. Françoise SIVIGNON, la présidente de MDM est présente également, Danièle LEDIT, qui ouvre la SCMR de Strasbourg dans 15 jours aussi, ainsi que tout ceux et celles qui ont combattu pour que ce jour advienne, responsables politiques, représentants de l’état (ARS, ministère, Ville), responsables de structures médicosociales et représentants des usagers, des professionnels néerlandais, suisses, luxembourgeois.

Les discours sont assez convenus : on y est enfin arrivé, çà a été long, difficile, le combat doit continuer pour consolider les acquis, permettre l’ouverture de nouvelles structures, travailler à l’insertion du dispositif par un travail de médiation sociale, etc. Ethan NADELMANN, directeur de Drug Policy Alliance, de passage à Paris, prend la parole pour saluer l’événement et rappeler la lenteur consternante avec laquelle les avancées de la RDR se font (et évoquer sa « jalousie » devant ce dispositif, inexistant aux Etats Unis)

Voilà, c’est fait, on est contents, car c’est l’aboutissement de tant d’années de travail, mais conscients de l’immensité des énergies déployées pour un résultat qui ne concerne qu’un point sur la carte, qui va s’appeler expérimentation pendant 6 ans (c’est à dire qu’en principe rien d’autre ne se fera pendant cette période.) et qui continue de susciter des oppositions violentes.

Je repars plutôt satisfaite, mais consciente que la question de la réforme de la loi est un combat qui doit se mener en même temps que l’action pour la mise en place de nouveaux outils de RDR. Car tant que la loi prohibitionniste du 31 décembre 1970 perdure, chaque avancée nous oblige à refaire tout le parcours de démonstration : non, nous n’incitons pas à la consommation, non, nous ne prônons pas le laxisme, nous œuvrons à la promotion d’une politique plus efficace et plus humaine pour les personnes qui consomment des drogues.

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