Sénégal est en train de poser les jalons de la réduction des risques en Afrique de l’Ouest

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Sénégal est en train de poser les jalons de la réduction des risques en Afrique de l’Ouest

21 mars 2016

Par André Gomes

En une année de mise en œuvre de son programme pilote de méthadone, le Sénégal est en train de poser les jalons de la réduction des risques en Afrique.

Le Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (CEPIAD) a ouvert en décembre 2014 et est le premier programme de traitement de substitution aux opiacées (TSO) en Afrique de l’Ouest financé sur fonds publics. Situé à Fann, un arrondissement à faibles revenus de la capitale Dakar, le programme de TSO offre un programme d’échange d’aiguilles, des programmes de formation des compétences, un traitement antirétroviral et le conseil, entre autres services.

Au cours des sept premiers mois de fonctionnement, près de 250 personnes, dont les trois quarts sont des consommateurs de drogues, ont eu accès aux services du centre, selon Radio France Internationale, et près de 100 personnes utilisent actuellement le TSO offert tandis que d’autres sont en liste d’attente.

La fourniture de méthadone (un substitut aux opiacées souvent administré dans les programmes de TSO) et les programmes d’échange d’aiguilles pourraient aider à combattre les taux de VIH et d’hépatite C chez les consommateurs de drogues injectables au Sénégal, qui étaient respectivement de 9,4 pour cent et 38,9 pour cent, selon une étude réalisée en 2011. Non seulement le taux du VIH en particulier est bien au-dessus de la moyenne nationale – 0,5 pour cent au sein de la population adulte (15-49 ans) – mais l’étude de 2011 a également révélé que 33,9 pour cent des personnes avaient consommé des drogues injectables en dehors de leurs domiciles la dernière fois qu’ils en avaient consommé, dans un environnement qui n’était donc pas sécurisé et potentiellement stérile, et plus de 10 pour cent des personnes avaient partagé des aiguilles. Ces deux pratiques accroissent considérablement la propagation des virus par voie sanguine.

En assurant le financement du TSO, le gouvernement sénégalais a rejoint une poignée d’initiatives semblables en Afrique sub-saharienne, notamment celles basées au Kenya, en Tanzanie et à Maurice. Ailleurs en Afrique, notamment au Burkina Faso et en Afrique du Sud, les personnes ne peuvent accéder au TSO que dans un cadre privé, selon le 2014 Global State of Harm Reduction (le point 2014 sur la réduction des risques dans le monde).

Toutefois, même si le programme de Dakar fait figure d’anomalie positive, il est encore trop tôt pour en déterminer l’impact. Dans une conversation privée, certains utilisateurs du service ont fait remarquer que l’emplacement du centre, ainsi que le temps et le coût du trajet pour se rendre au CEPIAD font qu’ils ne peuvent pas toujours avoir accès au programme de TSO aux heures d’ouverture. On peut penser que ces obstacles rendent plus difficile pour tous les utilisateurs du service de s’en tenir à une fourniture quotidienne de TSO et accroissent le risque que les personnes consomment plutôt l’héroïne si le TSO n’est pas disponible.

Espérons que le Sénégal continuera à ouvrir la voie de la réduction des risques en Afrique de l’Ouest grâce à l’évaluation continue de son programme, afin de mieux servir les personnes qui en ont le plus besoin.

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