La Norvège veut dépénaliser l'inhalation d'héroïne

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La Norvège veut dépénaliser l'inhalation d'héroïne

4 mars 2013

Le gouvernement norvégien a annoncé vendredi qu'il souhaitait dépénaliser l'inhalation d'héroïne, une méthode moins dangereuse que l'injection, afin de réduire le nombre de surdoses dans un pays où la drogue tue davantage que la circulation routière.

«Les chiffres des overdoses mortelles sont trop élevés et je dirais que c'est une honte pour la Norvège», a déclaré le ministre de la Santé Jonas Gahr Stoere au quotidien Dagsavisen.«La façon dont les toxicomanes consomment leurs drogues est centrale pour la question des overdoses. Mon point de vue est que l'on devrait permettre aux gens de fumer de l'héroïne car l'injecter est pire et plus dangereux», a-t-il ajouté.

Avec 262 surdoses mortelles en 2011, dont 30% d'héroïne, la Norvège est l'un des pays d'Europe où l'on meurt le plus à cause de la drogue, selon l'organisme public de recherche sur la toxicomanie et l'alcoolisme Sirus. Par comparaison, 168 personnes sont mortes sur les routes norvégiennes cette année-là.

Salle de «shoot»

Jonas Gahr Stoere dit avoir la majorité gouvernementale de centre gauche derrière lui. Il s'exprimait six jours avant la présentation par ce gouvernement d'un plan de lutte contre la toxicomanie. «Il ne s'agit pas d'une quelconque légalisation de l'héroïne mais d'une approche réaliste», a précisé le ministre. «Ceux qui sont dans la situation malheureuse où ils se piquent dans une salle de consommation de drogue qui leur est dédiée doivent plutôt pouvoir l'inhaler. C'est moins dangereux, on en consomme moins et le risque de contamination (de maladies) est moindre».

La municipalité d'Oslo dispose déjà d'une salle de «shoot» qui permet aux héroïnomanes les plus dépendants de s'injecter de l'héroïne dans de meilleures conditions. «C'était un paradoxe de ne pas pouvoir fumer de l'héroïne alors qu'on peut par ailleurs se l'injecter, alors que la première méthode est moins dangereuse que la seconde», a déclaré une chercheuse du Sirus, Astrid Skretting.

«Mais la culture de l'injection (dont les effets sont plus immédiats que l'inhalation) semble très ancrée en Norvège et il n'est pas certain qu'une telle dépénalisation débouche sur un changement radical des pratiques», a-t-elle estimé.

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