Repenser la guerre contre la drogue en Afrique de l'ouest

Actualités

Repenser la guerre contre la drogue en Afrique de l'ouest

22 avril 2016

By Nana Afadzinu et Abdul Tejan-Cole
À l'heure actuelle, c'est presque devenu un cliché de dire que la guerre contre la drogue a échoué. L'approche prohibitionniste, qui s'est le plus fortement exprimée sous l'ancien Président américain Richard Nixon, a eu peu d'effet sur le ralentissement de la consommation de drogues, mais elle a eu des conséquences dévastatrices pour les individus et les sociétés du monde entier. En Amérique latine, pour ne citer qu'un seul exemple, elle a conduit à des politiques étatiques répressives et à la militarisation des efforts d'interdiction au détriment des politiques de lutte contre les effets néfastes de la consommation de drogues sur la santé et le bien-être social.
Cette approche risque de provoquer des dommages similaires en Afrique de l'Ouest, à l'heure où la guerre contre la drogue dans la région entraîne une augmentation de la répression de l'État et des violations des droits de l'homme. En 2014, la Commission Afrique de l'Ouest contre la drogue a remarqué que la pénalisation de tous les aspects de l'activité liée à la drogue, y compris la possession pour usage personnel, a donné lieu à une foule de conséquences négatives. La consommation de drogue a fait s'est réfugiée dans la clandestinité, la corruption a augmenté et les prisons ont été massivement surpeuplées. Et ce sont en majeure partie les pauvres (dont bon nombre d'entre eux devraient être aidés plutôt que punis), qui sont jetés en prison, tandis que les riches toxicomanes échappent aux sanctions pénales grâce à leur argent. Mais la répression n'a pas empêché l'Afrique de l'Ouest de devenir un centre de transit majeur pour la cocaïne, l'héroïne et le cannabis. En mars, les autorités nigérianes ont découvert et démantelé le premier labo de méthamphétamine à échelle industrielle du pays, ce qui indique que la production, la distribution et la consommation de drogues de synthèse pourraient rapidement augmenter dans la région. L'Afrique de l'Ouest n'a pas de données fiables sur les tendances de la consommation de drogue, mais certains signes montrent qu'elle est en hausse.
Compte tenu de la gravité de la crise, l'Afrique de l'Ouest ne peut pas se permettre de se taire à la prochaine Session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le problème mondial des drogues. Il faut adopter une réponse plus humaine, qui respecte les droits de l'homme et aborde le problème comme un défi de santé publique.
En janvier, les représentants de 11 pays d'Afrique de l'Ouest, dont les agents de lutte contre la drogue, se sont rassemblés à Accra lors d'une réunion organisée par l'Institut de la société civile d'Afrique de l'Ouest. Les personnes présentes ont fait part de leur soutien pour recentrer l'effort de lutte contre la drogue sur la santé publique et les droits de l'homme, plutôt que sur la justice pénale.

Abonnez-vous à l'Alerte mensuelle de l'IDPC pour recevoir des informations relatives à la politique des drogues.

Thumbnail: Wikipedia